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Scénario, Dessin et Couleur : Isabelle Dethan

Editions : Delcourt

Série terminée en 3 tomes.

 

“Manipulé par un sinistre magicien, le vieux roi de Lycènes a fait tuer ses sept fils afin de ne pas avoir à leur céder le trône. L’un deux, cependant, a pu échapper au massacre : grâce aux nécrophages du Puits aux morts, il rejoint le jardin légendaire de Pareïza, où tout se régénère. Mais sa présence attire le sorcier, qui cherchait ce lieu pour en absorber la puissance”…

Source : catalogue Delcourt

 

Je suis une grande admiratrice du travail d’Isabelle Dethan (qui est une auteur absolument adorable lors de séances de dédicaces, par ailleurs), que ce soit pour sa façon de raconter une histoire pleine de magie -la plupart du temps- et de douceur ou bien pour ses dessins d’une étrange beauté qui n’appartient qu’à elle. La finesse caractérise Dethan dans ces deux domaines, scénario et dessin, et si bien sûr elle n’a pas que d’excellentes BD à son actif (mais rien dont elle aurait à rougir de toute façon), globalement j’adhère à tout ce qu’elle fait et son seul nom sur une couverture est pour une moi une raison de m’intéresser à une BD. On a tous nos auteurs favoris, que voulez-vous :) .

Le Roi Cyclope est peut-être celle que j’aime le plus, parmi toutes ses séries. Elle a l’avantage d’être courte (trois tomes seulement) et elle est assez marquante, je trouve.

 

Il y a quelque chose de magique, de presque féerique dans la façon qu’elle a de raconter une histoire (magique dans la forme et le ton, pas dans le contenu qui lui est loin d’être rose ici, j’entends). Et il me semble que le grand tour de force ici, est d’avoir rendu le Marquis (le sorcier de l’histoire, alias le grand méchant ^^) bien plus complexe qu’un simple méchant qui ferait le mal pour faire le mal uniquement, si je puis dire. Particulièrement dans les tomes 2 et 3, on voit qu’il éprouve des sentiments : l’amour pour une jeune femme (Griselda, qui sera la faiblesse exploitée pour le détruire), et même par moments, comme une forme de sympathie pour notre héros et seul rescapé des fils du Roi, Thalès… Finalement le Marquis a une certaine humanité qui lui est propre malgré les actes affreux qu’il commet (et il en commet, ça c’est sûr, le tome 3 a des scènes assez marquantes de ce point de vue là !), et je pense que cela ajoute au côté fascinant du personnage. C’est en tout cas un point fort de la série, à n’en pas douter, car cela change.

Je vous parle beaucoup du Marquis qui n’est quand même pas notre héros ! Mais il y a une raison à cela. Je l’ai dit, ce personnage est très intéressant… mais aussi, notre héros, Thalès, ne l’est pas tant que cela, lui. Je m’explique. Il est fort, courageux et tout ce que l’on veut, oui, mais il est surtout assez fade, finalement. Il manque de charisme ou au moins, d’un peu de fougue, de tonus. Mais n’allez pas croire qu’il s’agisse d’un mauvais traitement de la part de la scénariste ; il apparaît au contraire que clairement, elle a délibérément plus misé sur l’opposant, sur le machiavélique Marquis, en terme de complexité d’un personnage. Finalement ce récit que l’on pouvait croire être manichéen de prime abord (le gentil héros qui veut pourfendre le méchant :D ) ne l’est pas du tout. Et honnêtement pour une fois, cela change ! Avoir un méchant dont on ne sait que penser, qui nous laisse perplexe, et un héros qu’évidemment on ne peut que soutenir dans les faits mais qui ne soulève pas non plus une passion démesurée… Moi cela me plaît, c’est original.

Et c’est tant mieux, car si l’on y regarde de plus près, de quoi est-ce qu’on nous parle, dans le fond ? D’un prince qui souhaite reconquérir son trône et d’une histoire d’amour entre ce prince (Thalès, donc) et sa belle (Antimée). Bon je serai honnête : ces thèmes là me parlent et quand bien même il n’y aurait eu que cela, le récit m’aurait intéressé quoi qu’il en soit. Mais ainsi que je viens de le dire, il y a plus que cela, dans le traitement de l’histoire. Cela nous montre qu’il ne suffit pas d’avoir une idée pour faire une bonne histoire : la façon dont on la mène est très importante, et cela, Isabelle Dethan sait le faire.

 

Le dessin, je l’ai déjà dit, est tout en finesse (bon je n'arrive pas à mettre les planches à la tailel qui convient malheureusement ><). On a une impression de légèreté avec ce trait (cela dit moins que dans d’autres œuvres de Dethan, comme « Eva aux mains bleues » par exemple, qui est encore plus doux, mais aussi car le récit s’y prête davantage…). J’ai toujours trouvé cela très joli, pour ma part. Et puis, j’aime la couleur directe. Cela se voit sur une planche, et il n’y a pas à dire, ces couleurs donnent un cachet particulier à la BD. Surtout que ces tons clairs, pastels, ajoutent une vraie douceur qui parfois contraste davantage la cruauté de l’histoire. Cette complémentarité est intéressante. Qui plus est cela permet à la BD d’avoir une atmosphère spécifique, et là je pense particulièrement aux scènes où les personnages se trouvent dans le jardin d'Antimée, qui est censé être merveilleux. Il l’est, parce que le dessin est plus exquis que jamais et que ces fameux tons pastels sont très appropriés. Pourtant on ne croirait pas comme cela : le ciel est bien bleu, la verdure n’a rien de bien compliqué… mais voilà, c’est magique :) .

Et quand le récit s’assombrit (les scènes dans le Puits par exemple, au tome 1, et puis les passages avec le Marquis par la suite), forcément les couleurs suivent le mouvement. Le changement n’est pas brutal, et ce n’est pas déplaisant du tout. C’est cohérent.

Vous l’aurez compris, j’ai aimé cette série (si, si, sans rire :) ) ! Je la recommande fortement, d’autant qu’elle est courte et déjà terminée, ce qui parfois peut être un plus si l’on n’a pas forcément le temps ou les moyens pour suivre de longues séries. Ici la qualité est au rendez-vous. Clairement, le Roi Cyclope pourrait bien vous surprendre…

Tag(s) : #BD Franco-belges
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