Un cri sous la glace

Un livre de Camilla Grebe, paru en 2017.

Stockholm. Emma est une jeune vendeuse qui cache un secret : elle est fiancée à son patron, Jesper qui tient à ce que leur relation ne s'ébruite pas, comme il est une personnalité très en vue.

Deux mois plus tard, il disparaît subitement sans laisser de traces et dans sa maison, le cadavre d'une femme non identifiée est retrouvé, la tête tranchée.

Ce meurtre en rappelle un autre commis 10 ans plus tôt, qui était resté non élucidé. Peter, un flic qui a roulé sa bosse, est sur l'affaire ainsi que Hanne, une profileuse réputée qui avait travaillé sur le meurtre d'il y a 10 ans.

Cette enquête policière nordique se déroule dans le froid, la neige, la nuit qui tombe vite... Une ambiance très souvent dépeinte au rythme des déplacements des personnages, et qui est assez réussie, ma foi. Du moins, cela change de ce que je peux lire habituellement, c'est sans doute aussi pour cela que, sans mauvais jeu de mot, j'ai trouvé cela rafraîchissant.

Mais à part cela, il faut bien reconnaître qu'il y a peu de choses en vérité, que j'ai apprécié dans ce roman. J'ai pour ma part, deux principales critiques à formuler.

La première, c'est que je me suis ennuyée ferme. Ce qui n'est pas rien quand on sait que je suis une bonne cliente du genre policier. Mais comme je suis incapable de lâcher un livre une fois commencé, ma foi je suis allée au bout, mais je dois avouer que plusieurs fois, j'ai songé à abandonner. Le livre met -selon moi- un temps de dingue à décoller et à vraiment aborder ce pourquoi nous sommes là, à savoir l'enquête. Alors maintenant que j'ai lu la fin, que je sais tout, je comprends pourquoi l'on nous a dit tout ce que l'on nous a dit, pourquoi on m'a parlé de telle ou telle chose qui sur le coup me semblait sans intérêt. C'est vrai. Mais même comme ça, n'en demeure pas moins que rendue à la moitié du bouquin, on n'avait toujours rien attaqué concrètement. Et qu'en prime, j'ai un peu l'impression que sorti de Hanne qui elle formule des hypothèses et des bonnes, les autres flics ont eu du bol plus que du flair ou des compétences, en fait. Mais bon. Quand je dis que j'ai eu l'impression qu'on attaquait le vrai propos (enfin celui que moi, j'étais venue lire) au bout d'un temps infini, c'est parce que le livre nous présente longuement les 3 personnages principaux, en fait.

Seulement voilà, et j'en viens à ma seconde critique, ces personnages là, ils ne m'ont pas intéressée. Ce qui est quand même dommage. J'aurais pu accepter que l'enquête commence tard parce qu'on me parle des personnages, surtout moi qui ne cesse de dire que je peux accepter une histoire moyenne, pour peu que j'aime les personnages... Mais là ce ne fut pas le cas. Emma, si, elle elle m'intéressait quand même. Sa façon de penser, de réagir à ce qu'elle vit (la disparition de son fiancé secret qu'elle ne comprend pas, le fait que ledit fiancé ne lui donne aucune nouvelle et semble parti pour lui pourrir la vie sans raison par de multiples actions, etc...), son attitude passive qui petit à petit se transforme tandis qu'elle réalise qu'elle doit se reprendre en main et ne plus subir les événements... Emma était un personnage à qui il arrivait des choses intrigantes et je voulais savoir ce qu'elle allait faire. J'ai oublié de dire que le livre, d'ailleurs, place Peter, Hanne ou Emma successivement en tant que narrateurs, de chapitre en chapitre. Et donc du coup, les chapitres d'Emma étaient globalement mes préférés.

En revanche, Peter et Hanne... Peter, surtout. Je peux comprendre le côté antihéros, le flic au début plein de bonne volonté qui en a tant vu qu'il s'est blasé et n'a plus le même entrain pour ses enquêtes. Cela change, en un sens, et je ne suis pas contre, sur le principe. Mais Peter pour moi, n'est pas quelqu'un de bien. Il ne m'est pas sympathique, et donc j'ai beaucoup de mal. C'est un lâche, quelqu'un qui se laisse porter par les événements sans prendre de décision (il a un fils qu'il n'a pas désiré avec une femme qu'il n'a jamais aimé et dont il ne s'occupe pas, il a laissé tomber Hanne 10 ans plus tôt comme une vieille chaussette par peur...). Encore une fois, je n'ai rien contre le côté antihéros, je peux concevoir un flic qui n'est pas Hercule Poirot ou quoi, mais là je n'avais rien qui me permette de l'apprécier ou de m'intéresser à lui, rien de rien. Et jusqu'au bout du bout, il reste ce lâche qu'il a toujours été (la fin m'a rendue folle à ce sujet !).

Pour Hanne, je ne serai pas si sévère. En base elle est un peu comme lui : par lâcheté, elle est dans une vie qui ne la rend pas heureuse, avec un mari qu'elle déteste mais qu'elle n'a pas le courage de quitter ni même de contredire, tandis qu'il régit sa vie selon ses désirs à lui. Mais Hanne, profileuse si douée, est malade. Elle oublie des choses, des noms par exemple, et il n'y a rien qui puisse arrêter cette dégénérescence. Au contraire, cela va empirer. Et elle décide de prendre enfin sa vie en main. Nous la suivons donc accepter l'offre de la police et collaborer à l'enquête malgré l'interdiction de son mari, ce premier pas étant le début de son émancipation. Hanne au moins, évolue. Elle fait des choix, elle agit, se bat pour ne plus subir une situation dans laquelle elle n'est pas heureuse. Et en cela, sans que cela soit le personnage de l'année, c'était quand même un plus par rapport à Peter.

Alors je ne mentirai pas non plus : plus on s'approchait de la fin, plus mon intérêt pour l'enquête s'est réveillé. J'ai pas mal enchaîné le dernier tiers du bouquin c'est vrai, et pour le coup c'est pas mal ficelé, au niveau non seulement de la solution, mais de comment elle est petit à petit amenée. Et je regrette bien avoir ressenti cet engouement sur finalement une petite partie du roman. Car même si je ne nie pas du tout mon intérêt et le fait que j'ai lu les derniers chapitres nettement plus vite que tout le reste du bouquin réussi, cela ne rattrape pas les 200 autres pages (ou je ne sais plus exactement combien) passées à attendre que cela décolle, qu'on enquête pour de bon et qu'on cesse de me raconter la vie et les actions (ou inactions...) de personnages qui globalement, ne m'intéressent pas. Même si encore une fois, je comprends mieux maintenant, pourquoi on m'a parlé de telle ou telle chose alors que sur le coup, je ne voyais pas l'intérêt ou l'importance.

Bref, Un cri sous la glace ne m'a pas convaincu, vous l'aurez compris.