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Une pièce de théâtre de et avec Alexandre Astier et mise en scène par Jean-Christophe Hembert, qui date de 2012.

(n'ayant pas de section pour les pièces de théâtre, j'ai classé l'article avec les films, car la pièce a fait l'objet d'une sortie en DVD).

Johann Sebastian Bach est un célèbre compositeur allemand, qui à l'occasion d'une journée portes ouvertes dans une église, va devoir donner une leçon de musique au public. Une leçon qui sera pleine de surprises...

Bach nous fait également part de la tristesse due à la perte tragique de deux de ses enfants durant l'année...

 

Un peu -beaucoup- après tout le monde, j'ai découvert Alexandre Astier et Kaamelott. Je suis tombée amoureuse de la série et je voue désormais un culte à son créateur et interprète principal, qui est un homme des plus talentueux. C'est ce qui m'a poussée à regarder cette pièce d'environ 1h30, afin de voir d'autres facettes du personnage.

Pendant 1h30 donc, Alexandre Astier est seul sur scène, tous les autres personnages auxquels il s'adresse n'apparaissant pas véritablement. Une prouesse, déjà, car -mais il n'est pas seul dans ce cas-, je suis toujours épatée par la mémoire des comédiens, qui peuvent retenir autant de texte sur un si grande durée ! Clairement, le spectacle a deux tons, deux visages. Le premier est plus léger, voire franchement drôle puisque Bach donne des cours de musique à une assistance « virtuelle » et c'est dans ces moments là que les répliques « modernes » on va dire, qui détonnent avec l'époque dans laquelle se situe l'action, peuvent nous rappeler le roi Arthur. L'autre pan de Que ma joie demeure est bien moins fun, pour ne pas dire qu'il colle franchement le cafard. En effet durant des moments où la lumière et le décor changent, on peut voir Bach se morfondre sur la perte de ses enfants (il en a perdu pas mal, une dizaine je crois bien), chose qu'il vit évidemment très mal. Ça, c'est franchement triste. Pour autant ces scènes s'alternent bien parce qu'on n'a jamais une impression désagréable de décalage, de quelque chose qui ne serait pas à sa place. Les deux tons s'accordent bien et du coup on passe ainsi du rire à la gravité en quelques instants, sans problème.

La partie ou le maître donne ses cours est franchement impressionnante. Les années de conservatoire d'Astier lui permettent d'illustrer ses propos avec de courts extraits de morceaux plus ou moins célèbre. Il nous enseigne la musique chinoise, africaine, pousse même un bref instant la chansonnette (quelle basse, mes aïeux). Je n'ai jamais fait de musique, aussi mes remarques sont-elles celles 'une vraie néophyte. Je serai incapable de discuter de la technique proprement dite, pour autant je sais encore voir que le monsieur n'est pas un rigolo, un piano entre les mains (et la viole de gambe, ça c'était terrible !). Astier s'amuse aussi à nous perdre, avec cette technique. Dès le début du « cours » il dit qu'il va nous donner les bases, vraiment très très basiques... et on s'y perd complètement parce que pour le néophyte, ce qu'il dit est comme s'il parlait chinois ^^ ! Du coup j'imagine que pour l'amateur comme pour le musicien confirmé, on peut trouver un intérêt. Qui plus est tout cela est dit avec sa verve habituelle, son écriture qui n'appartient qu'à lui, et c'est juste un bonheur. Je me suis bien marrée, disons-le. Pour émettre quand même une critique, je dirai que toute la scène sur l'inspection de l'orgue m'a semblé un peu longuette quand même...

Pour autant j'ai tout autant aimé l'autre partie, la plus grave. On peut voir Bach à l'église par exemple, qui noie son chagrin dans l'alcool. Il nous explique que cette année, il a enterré deux de ses enfants (la fin se passe dans sa maison et c'est aussi une belle scène). Et parfois dans ses cours il s'arrête, de peur que son dernier né lui aussi, en finisse par mourir... C'est là où les deux parties se rejoignent, ou par exemple quand, toujours pendant son cours, la lumière s'éteint et ne reste braquée que sur lui et il fait un aparté sérieux pour reparler de ses enfants. C'est fugace, de sorte que ça ne plombe pas l'ambiance, mais cela donne à réfléchir et on voit bien qu'on est dans quelque chose de très construit. J'ai vraiment aimé cela. Qui plus est je ne suis pas experte dans la vie -ni l'oeuvre d'ailleurs- de Bach, même si je savais grosso modo, pour ses enfants. Je suis donc ressortie de là en ayant le sentiment d'avoir appris deux-trois trucs en plus, et ça n'est jamais un mal. En tout cas c'était très émouvant de voir ce côté là, qui de surcroît était très bien écrit -encore- et très bien joué.

Sur tous les plans, Alexandre Astier a fait un sacré bon boulot avec cette pièce, prouvant si besoin était, le grand talent qui est le sien. J'ai trouvé Que ma joie demeure ! très surprenante, avec tous les aspects qu'elle aborde (musique et biographie) et la construction qui est la sienne et je pense que c'est un spectacle qui peut plaire à un public divers et varié. Alexandre Astier a un humour auquel j'adhère totalement (ce décalage dont il usait déjà dans Kaamelott, entre l'époque et le ton familier), mais qui plus est on voit à la façon dont il écrit et construit ses œuvres, que c'est quelqu'un d'une grande intelligence. Et c'est une impression qui se ressent tout le long de la pièce... Et ça fait un bien fou.

Tag(s) : #Films et dessins animés
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