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Un film de Jean Delannoy, avec :

Jean Gabin : Jules Maigret

Annie Girardot : Yvonne Maurin

Jean Desailly : Marcel Maurin

Olivier Hussenot : Lagrume

Lucienne Bogaert : Adèle Maurin

(1958)

 

D'après le roman de Georges Simenon.

Des femmes sont assassinées de manière violente dans Paris, et le meurtrier semble provoquer le commissaire Maigret. Ce dernier, pour l'arrêter, va alors lui tendre un piège : désigner un coupable et organiser une reconstitution du dernier crime en faisant patrouiller des policières en civil afin que le meurtrier en agresse une.

Tout ne se passe pas comme prévu puisqu'après l'agression d'une policière, le tueur parvient à s'enfuir. Un inspecteur prend en filature Yvonne Maurin, une femme qui semble suspecte et à laquelle Maigret va s'intéresser de plus près. Car il se trouve car la mère du mari de Mme Maurin est justement la propriétaire de l'immeuble où a disparu l'assassin après avoir agressé la policière...

On peut dire qu'il repasse très souvent à la télé, celui-là (avec Maigret et l'affaire Saint-Fiacre). Mais la dernière fois, il y a quelques mois, je l'ai regardé. Parce que cela faisait longtemps, et tout simplement parce qu'il est très bien, aussi. En fait, cela faisait si longtemps que je l'avais vu, que si je me souvenais assez bien du début du film, j'en avais oublié la chute en revanche. Ce n'est pas plus mal : au moins je l'ai redécouvert.

Maigret pour moi, c'est avant tout la série avec Bruno Cremer, puisque c'est la version qui passait quand j'étais jeune et que j'ai dû voir en premier. Du moins, c'est celle dont je me souviens le plus facilement. Ce n'est que plus tard que j'ai découvert les films avec Gabin, et bien sûr, ce n'est pas la même chose (même si j'aimais bien Bruno Cremer dans le rôle). Gabin, c'est un tout : une « gueule », une carrure, une voix, un charisme écrasant... Un acteur dont la seule présence marque. Le rôle de Maigret lui va bien : commissaire bourru, qui ne s'embarrasse pas de chichis, qui fait son travail avec ténacité et minutie en ne se défaisant jamais de sa célèbre pipe ni de son chapeau ; cela lui va comme un gant. On aime le voir chercher, récolter autant les indices que s'imprégner des lieux et connaître les gens pour résoudre son affaire ; on apprécie tout autant le voir ronchonner, ou bien le voir parler dans sa cuisine avec Madame Maigret, sa femme. J'affectionnerai déjà un tel rôle par principe, mais tenu par Gabin, c'est assez merveilleux. Il paraît que parmi les nombreux acteurs qui ont incarné le célèbre commissaire, Gabin n'est pas celui qui en livre l'interprétation la plus fidèle à celle des romans. Je le crois volontiers dans la mesure où à ce jour, je n'en pas encore lu un seul. Mais qu'à cela ne tienne : j'aime sa façon de l'incarner, quoi qu'il en soit.

Mais fort heureusement, il n'y a pas que cela. Maigret tend un piège est une enquête policière dont le but est de trouver l'assassin, le plus classiquement du monde. Un assassin qui tue des femmes en lacérant leurs vêtements et qui ne laisse (presque) pas de traces derrière lui. Alors comme le titre l'indique, Jules Maigret imagine un plan pour coincer l'assassin. Un plan qui ne va pas exactement fonctionner comme prévu et qui l'emmènera sur une bien étrange piste. Le « qui » est relativement vite acté, pour nous autres spectateurs (et pour Jules Maigret aussi, du reste). Le « pourquoi » également. Mais ce qui est important, ce qui va fonctionner jusqu'à la dernière seconde, c'est le « comment ». Comment, par quelle manière Maigret va démasquer le meurtrier. Cela va donner lieu à une scène magistrale entre lui et l'assassin, pour le faire avouer à la PJ. Une scène longue, avec des répliques marquantes, une de celles qui font qu'on ne peut pas détourner le regard de l'écran. Ça et la scène à la fin où il va parler aux vrais responsables de tout cela (comprendront ceux qui auront vu le film, car ici « assassin » et « coupable » n'auront jamais été deux termes aussi distincts l'un de l'autre), ce sont des scènes fortes, où le charisme de Gabin et de manière générale, le jeu de tous les acteurs (et actrices bien sûr), est sans aucune fausse note.

 

Annie Girardot (que j'ai plus vu à l'écran alors qu'elle était déjà plus âgée, en fin de compte) est pleine de classe, et c'est bien sûr un personnage énigmatique, que celui d'Yvonne Maurin. On ne sait jamais si elle est sincère, si elle dit toute la vérité... Une chose est sûre : l'inspecteur Lagrume a eu le nez creux en la suivant, la première fois... Jean Desailly (qui joue son mari, Marcel), est épatant aussi. Il arrive à faire ressortir toute la névrose et le côté tout à fait pathétique de son personnage, et il a droit également à des scènes où il peut donner libre court à son talent... Et dans un plus petit rôle, celui d'un policier, on a aussi Lino Ventura, qu'il est toujours plaisant de retrouver.

Finalement, c'est un polar psychologique où tout y est : du jeu des acteurs aux personnages intrigants, en passant par une ambiance sombre et réussie. Il n'y a rien à jeter dans ce film, et il vaut assurément le détour.

Tag(s) : #Films et dessins animés
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