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Un film réalisé par Jean-Pierre Améris, avec

Marc-André Grondin : Gwynplaine

Christa Théret : Déa

Gérard Depardieu : Ursus

Emmanuelle Seigner : la duchesse Josiane

Swann Arlaud : Sylvain

Serge Merlin : Barkilphedro

(2012)

Enlevé étant enfant par des voleurs qui ont marqué son visage d'une affreuse cicatrice qui lui donne en permanence un sourire figé, Gwynplaine sauve par une nuit de neige une jeune orpheline aveugle, Déa. Tous deux sont recueillis puis élevés par un forain, Ursus.

Ursus donne des spectacles de foire en foire avec Gwynplaine en héros, qui sait amuser les foules... Mais plus leur renommée grandit, plus les puissants s'intéressent à Gwynplaine...

 

D'après l'oeuvre de Victor Hugo.

Déjà, je dois dire que je trouve l'affiche magnifique. L'image en elle-même mais aussi les couleurs, et ce que ça dégage... Je la trouve vraiment très belle. Rien que pour ça, j'avais envie de m'intéresser à ce que le film racontait. Comme quoi des fois, ça tient à pas grand chose...

Mais heureusement, ce n'est pas tout ! J'ai aimé le film aussi, quand même ^^. Oh bien sûr il a des défauts, c'est certain. Mais je me suis laissée séduire par le charme, l'esthétique aussi (que beaucoup ont critiqué en disant que c'était du sous-Burton, ce que j'ai trouvé un peu bête et facile, comme remarque), les personnages, l'histoire... bref, un tout. Le film m'a emportée, avec ses enjeux et ce qu'il délivrait, ce qui fait que j'ai été indulgente sur ses défauts.

Gwynplaine est un jeune homme marqué, avec cette cicatrice qui le fige dans un sourire permanent. Là, on peut faire une première critique d'ailleurs. Cette cicatrice est censée rendre Gwynplaine hideux, comme une sorte de monstre... Le « problème » est que Marc-André Grondin, l'acteur qui le joue, est plutôt bel homme en fait, et malgré ce maquillage, difficile de le trouver hideux. C'est bien la première fois que le fait qu'un acteur soit plutôt beau pose souci, vous me direz ^^', mais c'est vrai qu'on ne peut pas s'empêcher de hausser un sourcil. Car comment comprendre les moqueries ou bien la répulsion qu'il inspire aux gens quand il n'y a « que » cette cicatrice mais que derrière, on voit bien un bel homme ? Ce n'est pas que cela pose souci longtemps car on adopte vite le postulat et on comprend bien l'idée quoi qu'il en soit, mais enfin...

Ce qui est intéressant avec le personnage, c'est de voir comment le succès va le griser en quelque sorte. En devenant célèbre à force e faire des spectacles, il va accéder à son réel statut et ainsi petit à petit, il s'éloigne d'Ursus, l'homme qui l'a élevé et de Déa, la jeune femme qui l'a toujours aimé tel qu'il était. Il réalise tout cela trop tard, comme on pouvait s'y attendre. Mais à travers lui, on a des thématiques comme le regard des autres, l'apparence aussi, qui pour certains personnages compte plus que la personne en soi... Gwynplaine va dépasser cela au final, mais son parcours est intéressant.

Ce qui m'a le plus marquée dans ce film, c'est sa délicatesse alliée avec son esthétique plutôt léchée. On joue sur la pureté, rien qu'avec la figure de Déa par exemple. Les choses sont salies à un moment donné notamment avec la duchesse Josiane (jouée en plus par Emmanuelle Seigner que je n'apprécie guère plus que sa sœur Mathilde, tant je les trouve fausses et vulgaires), mais c'est pour mieux souligner l'innocence des personnages face à la dureté du monde et aux railleries. J'ai trouvé que cela était vraiment bien fait. Le revers de la médaille est que parfois les personnages semblent trop subir les actions au lieu d'en être les acteurs justement, et qu'ils semblent trop candides pour être vrai aussi... Mais comme je l'ai dit, le film a ses défauts et j'en suis consciente. Reste la vision noire des choses et le romantisme présents dans l'oeuvre de Victor Hugo dont ce film est l'adaptation -et ça n'a pas dû être une mince affaire, que de mettre en scène une histoire de cet auteur-...

Le trio principal est tout ce qu'il y a de plus attachant, c'est indéniable. Déa, Gwynplaine et Ursus, depuis leur rencontre jusqu'à la fin, auront donné l'impression d'être inséparables. Ou du moins, d'être meilleurs quand ils sont ensemble. Et puis cela fait plaisir de temps en temps, au milieu de tous les films discutables qu'il fait, de voir Depardieu être bon (surtout qu'il en est largement capable). L'homme bourru au grand cœur n'est pas nouveau, mais il le fait bien et on ne lui en demandait pas davantage.

Je citerai enfin une scène clef du film, celle où Gwynplaine retire le voile qu'il a devant une partie du visage alors qu'il fait face aux Lors dans le Parlement, et qu'il livre ce message qui ne peut que toucher : « Je représente l'humanité telle que ses maîtres l'ont faite. L'homme est un mutilé. Ce qu'on m'a fait, on l'a fait au genre humain. On lui a déformé le droit, la justice, la vérité, la raison, l'intelligence, comme à moi les yeux, les narines et les oreilles; comme à moi, on lui a mis au cœur un cloaque de colère et de douleur, et sur la face un masque de contentement ». Un grand moment.

L'Homme qui rit est comme je le disais au début, un film qui m'a emportée. Malgré ses défauts parfois, les acteurs étaient convaincants et le propos intelligent (notamment sur ce qu'est la laideur, la monstruosité), et la manière était jolie. Je n'en demandais pas plus.

Tag(s) : #Films et dessins animés
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