Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Un film de Jean-Marc Vallée, avec :

Matthew McConaughey : Ron Woodroof

Jared Leto : Rayon

Jennifer Garner : le docteur Eve Saks

Denis O'Hare : le docteur Sevard

(2013)

 

Dallas, fin des années 80. Ron est un homme intolérant, homophobe… pas franchement du genre sympa quoi. Pris de malaises, il se retrouve à l’hôpitel où on lui apprend brusquement qu’il est séropositif et qu’il lui reste tout au plus un mois à vivre…

Refusant d’y croire dans un premier temps, Ron doit bientôt admettre la réalité. A l’époque, les malades ne pouvaient avoir un médicament, qui était encore en phase d’essai. Il apprend que d’autres médicaments existent, hors des Etats-Unis, et n’y sont pas autorisés. Il va s’en procurer pour se soigner par lui-même, et bientôt il décide d’en vendre à d’autres séropositifs. Dans son entreprise, il est aidé par Rayon, un séropositif travesti à l’opposé de ce qu’il est. Mais leurs activités illégales finissent par attirer l’attention…

Voilà un film dont on entend beaucoup parler. En effet il a raflé pas mal de récompenses, et les deux acteurs principaux sont nominés aux Oscars, l’un pour celui du meilleur acteur, l’autre pour celui du meilleur acteur dans un rôle secondaire. Question : est-ce mérité ? Réponse : oui. Enfin, c’est toujours pareil quand un film a du succès : je ne sais jamais si c’est vraiment mérité ou si, même si le film est bon, on n’exagère pas un peu… Mais peu importe, moi j’ai bien aimé, donc bon…

Déjà, je ne connaissais pas Matthew McConaughey. Enfin juste de nom. Mais c’était la première fois que je le voyais jouer. Et je n’ai pas été déçue, parce qu’il est franchement bon. Il mérite les éloges qu’on lui fait pour le rôle de Ron. Je suis allée voir des photos de lui « en temps normal » et pour le coup c’est vrai que c’est surprenant. Il a perdu environ 20kg pour le film et ce genre de transformations, même si elle a déjà été faite par le passé par d’autres acteurs, reste toujours impressionnante. Mais il a n’y a pas que la transformation physique qui interpelle. McConaughey est tout simplement excellent. Il arrive à nous faire suivre son personnage, qui quand même démarre mal, tant il semble intolérant au possible. On en vient à s’intéresser à son sort qui semble réglé, quand commence le film… Pour autant, il parvient aussi à amuser, avec son franc-parler qui est sans fioritures. Et à une reprise notamment, il est très touchant (la fameuse scène où il craque dans sa voiture).

Et puis ce qui est intéressant chez Ron aussi, c’est que cette maladie et ce qu’il fait pour se maintenir, va le changer. Et c’est fait de manière subtile, sans gros sabots qui nous montrent concrètement que le type homophobe devient un saint après… Non, le film montre que Ron évolue, et le montre à sa façon. Par exemple j’ai trouvé touchante la scène au supermarché où il croise son ancien pote, tout aussi homophobe que lui l’était, et qu’il l’oblige à serrer la main de Rayon. Ça veut tout dire sur l’évolution de sa mentalité.

Ce que j’ai trouvé original et appréciable, c’est que le film ne cherche pas à faire dans le larmoyant. On s’y attendait vu le sujet, et bien sûr que ça n’est pas rose et qu’il y a de durs moments, c’est certain… Mais le film a choisi de montrer la lutte de Ron pour dépasser cette limite des 30 jours qu’on lui avait donné et vivre encore, en se battant à sa façon. En parcourant d’autres pays à la recherche de médicaments, en les ramenant avec lui et en les revendant à d’autres malades. Un vrai business, mais qui fonctionne. Et auquel le système s’oppose. Et du coup comme le film n’a pas cherché à donner dans le pathos, et bien il devient poignant.

C’est aussi intéressant de voir comment les gens en 1985 (bien sûr on 2014 tout n’est pas réglé) réagissaient face à la maladie. Pas les malades eux-mêmes, mais leur entourage. Par exemple c’est dingue, ce moment où le médecin annonce à Ron qu’il est séropositif, et que dans la foulée il lui demande s’il a eu des relations homosexuelles… Et bien sûr les amis de Ron, bâtis sur le même modèle que lui, vont très vite de se détourner de lui, qui n’a pas choper cette maladie QUE en étant gay. Forcément. Et de manière complètement paradoxale, c’est avec Rayon, que Ron va finir par s’entendre et par monter cette affaire, alors que Rayon représente sans doute tout ce qu’il déteste : il est travesti, il est efféminé, bref, ils n’étaient pas partis pour s’apprécier ! Mais c’est plutôt chouette… Là-aussi le film n’y va pas avec ses gros sabots : on voit que Ron change à son contact, mais ce n’est pas appuyé. Cela se voit dans la façon dont Ron lui parle et bien sûr, avec la scène au supermarché que j’ai citée plus haut. J’aime bien cette finesse, en fait.

Rayon, c’est donc la dose de bonne humeur et de douceur du film. Il est malade lui aussi, il s’habille et se tient comme une femme, il remonte le moral des autres et a le sourire… L’opposé de Ron, quoi. C’est sa sensibilité qui touche, à travers ses sourires discrets et ses grands yeux bleus. Et puis il a son petit caractère, mine de rien. Sa relation avec Ron est tout simplement belle, mais aussi amusante. Comme son camarade, Jared Leto a lui aussi eu droit à une bonne perte de poids pour le rôle, et c’est tout aussi impressionnant. Mais comme son camarade encore, il n’est pas impressionnant seulement par son physique (même s’il est totalement bluffant, en femme). Il est excellent lui-aussi (l’adjectif revient souvent, mais je n’ai pas mieux), parce qu’il insuffle tellement de sensibilité à Rayon qu’on a forcément énormément d’affection pour le personnage, et ce dès sa première apparition. Lui-aussi mérite sa nomination aux Oscars, mais après qu’il l’obtienne ou non, ça n’empêche pas : Rayon restera probablement l’un des rôles les plus marquants de la carrière de Jared Leto.

A côté d’eux, on trouve Jennifer Garner (qui personnellement ne m’a jamais plu que dans Alias, où elle était bonne, mais sinon je la trouve pas terrible…) qui est le médecin en charge de Ron et Rayon et qui représente un peu le côté censé, que eux n’ont pas. Mais de toute façon, les personnages de Ron et Rayon éclipsent tous les autres, volontairement.

La mise en scène et la musique sont très bien aussi. Mais il est vrai que ce qui donne le plus de poids à cette histoire inspirée de faits réels, c’est bel et bien le duo d’acteurs.

Tag(s) : #Films et dessins animés
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :