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Un film de Sidney Lumet, avec :
Henry Fonda : M. Davis, le juré n° 8
Martin Balsam : juré n° 1
John Fiedler : juré n° 2
Lee J. Cobb : juré n° 3
E.G. Marshall : juré n° 4
Jack Klugman : juré n° 5
Ed Binns : juré n° 6
Jack Warden : juré n° 7
Joseph Sweeney : M. McCardle, le juré n° 9
Ed Begley : juré n° 10
Jiri Voskovec : juré n° 11
Robert Webber : juré n° 12
(1957)
Un jeune homme est accusé d'avoir tué son père. Un groupe de 12 jurés doit alors statuer sur son cas : s'il est reconnu coupable, ce sera la peine de mort. Alors qu'ils doivent statuer à l'unanimité, 11 d'entre eux votent coupable, tandis que l'un d'eux vote non coupable. Il a des doutes concernant les preuves et il va alors tenter de convaincre un par un ses onze camarades...
J'ai revu cet excellent film durant mes vacances, alors j'ai eu envie de vous en parler. Si vous êtes passés à côté jusque là, j'espère vous donner envie de le voir, parce qu'il vaut vraiment le coup. Si c'est déjà fait, ma foi tant mieux ^^ !
Nous avons ici un film qui se passe presque exclusivement en huis-clos (et moi qui adore les histoires de ce genre, je suis comblée !). Seuls le début et la fin font exception. Le film s'ouvre en effet sur le moment où le juge rappelle aux jurés la « mission » qui est la leur. Cela permet aussi au spectateur d'être plongé dans le bain immédiatement. Nous avons ici un jeune homme accusé d'avoir tué son père, avec différentes preuves qui l'accablent. Le jury doit se prononcer à l'unanimité. Et s'il reconnaît ce « gosse » comme ils l'appellent, coupable, alors ce sera la peine de mort.
Quant à la fin, il s'agit d'une courte scène qui se situe après la délibération, et qui nous montre les jurés partir chacun de leur côté (je ne vous dirai évidemment pas quelle décision ils ont prise).
Tout le reste du film se passe donc entre les 12 jurés, dans la pièce où ils discutent. Aucune action, rien que des dialogues. Mais c'est passionnant ! D'abord parce que les acteurs et les personnages sont bons, mais surtout parce que le scénario est très bien monté. On a un juré qui vote non coupable, contre les 11 autres. Pas parce qu'il croit fermement le gosse innocent, mais parce qu'il a le fameux « doute raisonnable » et qu'en son âme et conscience, il ne peut pas voter coupable tant qu'il a ce doute. Et voici le point de départ du film : le juré va d'abord demander aux autres de le convaincre, de lui expliquer pourquoi ils le croient coupable... Et puis lui aussi va exposer ses doutes de façon précise, sur les preuves, les témoignages... Et régulièrement, le vote change. D'abord à 11 contre 1, le vote passe à 10 contre 2, et n'a de cesse d'évoluer au gré des arguments avancés dans la pièce... Un par un, le juré n°8 va les retourner (ou tenter de)...
Car en effet dans ce film, peu importe les noms. Ceux des jurés nous sont inconnus (hormis d'eux d'entre eux, à la fin), de même que celui du supposé coupable. On se fiche du coupable parce que ce n'est pas son sort en tant que tel, auquel on veut nous intéresser. De même que ce n'est pas aux jurés non plus. Enfin pas vraiment. Leur nom n'est pas important en soi, mais leur personnalité si, en revanche. Chacun d'eux est différent, et même ceux qui sont d'accord ne le sont pas pour les mêmes raisons. Certains pensent le jeune homme coupable parce que les preuves les ont effectivement convaincu, mais d'autres sont guidés par leurs préjugés, voire leur vécu... Et les personnalités de chacun vont se dévoiler petit à petit, durant cette délibération...
Je dois dire que c'est réellement passionnant à observer. Déjà le coup du « seul contre tous » fonctionne plutôt bien. Évidemment nous en tant que spectateur, on ignore si le jeune homme est ou non coupable, mais c'est pareil : ce n'est pas cela qui nous intéresse. On a d'emblée envie de se rallier à la cause du juré n°8, de voir s'il va pouvoir ou non les convaincre... Ou au moins leur mettre le doute. Et quand il démonte certaines preuves -celles-là même qui étaient les plus fortes et sur lesquelles on a établi la culpabilité du jeune homme-, c'est vraiment intéressant. On voit certains avoir le doute eux-aussi, d'autres rire aux éclats et apportant eux-aussi des arguments forts... Et puis il y a ceux qui s'en fichent et veulent juste rentrer chez eux, comme l'un des jurés qui ne semblent pas du tout concerné ni intéressé par ce devoir qui est le leur. C'est un comportement irritable pour le spectateur, car quel que soit son avis, on a saisi l'importance de leur devoir et on aimerait qu'il s'implique comme les autres.
Dans le rôle du juré n°8, Henry Fonda est parfait. Il est convaincant, il nous intéresse à ses suspicions... Et sans savoir s'il a raison ou non, on aimerait qu'il réussisse son entreprise auprès de ses camarades. Lesquels sont tout aussi bons d'ailleurs, chacun d'entre eux. Ils sont convaincants et évidemment dans ce genre de film, c'est essentiel car une grande partie des choses repose sur eux.
Du reste, la mécanique est bien huilée. Les arguments sont répétés et pris dans tous les sens, d'un point de vue ou de l'autre avec précision... Les réactions des jurés -qu'ils changent de camp ou non- sont convaincantes car leur personnalité transparaît à travers leurs réactions et leurs paroles. Et ces différents milieux, éducations ou caractères qui débattent font tout le sel de ce grand classique qui ne vieillit pas. La façon de filmer est importante aussi. Des gros plans sont fait lorsque le doute s'empare d'un juré, et c'est nettement visible sur le visage de l'intéressé. De même pour la colère, l'impatience, la lassitude... la caméra appuie à merveille les dialogues.
Bref j'ai pris plaisir à revoir une fois de plus ce grand film. Ne faites pas l'erreur de penser, au vu du synopsis, que ce sera ennuyeux... Il n'en est rien !