Chi - Chikyuu no Undou ni Tsuite

Un anime de 25 épisodes, diffusé à partir de 2024.

Pologne, XVème siècle. Rafal est un enfant d'une grande intelligence, promis à un brillant avenir dans la théologie. Lorsque son père accueille un hérétique tout juste libéré de prison, la vie de Rafal va changer... Cet homme lui fait partager son savoir et ses recherches sur l'héliocentrisme. En ces temps où l'Eglise traque ceux qui oseraient prétendre que la Terre ne serait pas au centre du système solaire, ces découvertes sont bien dangereuses...

Voilà un anime d'une rare qualité ! Ce n'est pas si souvent que quelques épisodes à peine, me donnent envie de me procurer le manga. Je retiendrai notamment la fin de l'épisode 3, qui fut la première grosse claque que l'anime m'a mise (et pas la dernière). Je ne l'ai pas vu venir et j'en suis restée estomaquée un moment. Nous avons là un anime d'une profondeur rare, d'une grande richesse et qui à coup sûr, ne laisse pas indifférent.

Il faut dire que que le premier épisode va très vite, un peu trop même. On ne s'attarde pas des plombes sur le contexte et la mise en place, et on est vite dans le vif du sujet. J'avoue avoir été un peu déconcertée par cette rapidité au début : comme l'anime était prévu pour faire 25 épisodes, je ne comprenais pas vraiment la raison de ce rythme si rapide. Je l'ai compris après quelques épisodes en réalité, et c'est là toute l'originalité de l'histoire. On ne va pas suivre, comme traditionnellement, un protagoniste et éventuellement les personnages qu'il va rencontrer au fil de ses aventures. L'anime est découpé en plusieurs « tranches » et met à chaque fois à l'honneur, le protagoniste de cette période et son ou ses compagnons de route. Tout cela forme un grand tout naturellement. Chaque personnage apporte sa pierre à l'édifice, que ce soit pour son profit personnel, ou pour oeuvrer à quelque chose de plus grand que lui, pour la postérité. Chacun a ses motivations propres, et agit plus ou moins volontairement, en passeur. Il ou elle va se nourrir des recherches du passé (qui ont commencé avec cet hérétique que Ralf va croiser), et passer le relais à un autre qui viendra plus tard, et qu'il ne connaît pas encore.

On a donc une histoire qui s'étale sur plusieurs décennies au final, et la seule constante, c'est Novak, cet inquisiteur/mercenaire qui traque les hérétiques coûte que coûte. Voilà un antagoniste à la psychologie fouillée, aux motivations expliquées et qui a une certaine profondeur. C'est à coup sûr, un antagoniste des plus réussis, et chaque apparition de sa part fait froid dans le dos, car on le sait capable de tout, malgré ses abords calmes.

Cette construction qui bouleverse les schémas narratifs classiques, n'empêche absolument pas de s'immerger dans l'histoire ni de s'attacher aux personnages, et au contraire, cela apporte une dimension originale à l'histoire. Personnellement, je dois avouer que ma partie favorite a été celle avec Badeni et Ockzy. Le premier, égoïste et avide de savoir, ne souhaitait pas que quiconque perpétue ses recherches, car il lui importait moins que la vérité éclate, que d'être celui qui soit à l'origine de cette vérité. Le second, plein d'empathie et d'idéaux, était son exact opposé. Et la fin de ce duo a été très marquante, de même que la manière dont finalement, ils vont passer le relais à leur tour, façon « bouteille à la mer »...

Les animes historiques sont rares, et cette période à ma connaissance, n'a pas été souvent le cadre d'histoires dans les mangas. C'est cela qui m'a attirée en premier lieu, car j'ai trouvé le cadre original et je pensais même, au départ, que nous rencontrerions le fameux Copernic. Je ne m'attendais pas à l'originalité de l'histoire et de sa narration, dont je viens de parler.

Ce qui est assez dingue, c'est la façon que cet anime a de nous cueillir sans cesse. On suit les personnages de l'arc du moment, on a un contexte, et boum, il y a toujours un truc qui vient nous surprendre au moment où l'on s'y attendait le moins. Cela ne ronronne jamais, on se trouve toujours aux aguets finalement. On a aussi bien des moments d'action pure que des moments de dialogues, mais les deux sont intéressants. On a tout de même un certain nombre de face-à-face marquants, tout au long de l'histoire ! Il faut dire que chaque personnage est tellement bien conçu, qu'il soit là pour un temps plus ou moins long, que ce qui se passe à l'écran est toujours intéressant.

Si j'avais une critique (il en faut bien une ^^), elle porterait sur la toute fin, sur le sort de deux personnages en particulier, qui n'est pas bien expliqué. Je ne peux malheureusement en dire plus, mais c'est vrai qu'on se pose des questions, qui restent sans réponses.

Le style graphique diffère des productions actuelles je trouve, et se prête plutôt bien au contexte. J'ai aussi bien aimé l'OST, qui souligne toujours judicieusement ce que l'on voit à l'écran.

L'originalité, les thèmes abordés, la justesse avec laquelle il les aborde, placent Chi comme un anime exceptionnel, certainement l'un des meilleurs de ces dernières années. Je peux comprendre que la thématique ne plaise pas à tout le monde mais honnêtement, la qualité est telle qu'on ne peut qu'être soufflée, et on ne voit pas cela souvent ! C'est même un peu dur derrière, de se lancer dans un nouvel anime, car on sait que nécessairement, on ne reprendra pas de sitôt une telle claque ^^ !