Une mini-série britannique créée par Abi Morgan, avec :
Benedict Cumberbatch : Vincent Anderson / Eric
Gaby Hoffmann : Cassie Anderson
McKinley Belcher III : Michael Ledroit
Ivan Morris Howe : Edgar Anderson
Dan Fogler : Lennie Wilson
Bamar Kane : Yuusuf Egbe
Terminée, 6 épisodes.
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Vincent, marionnettiste de talent pour une populaire émission de télévision pour enfants, est aussi un alcoolique notoire au comportement désagréable. Il se dispute régulièrement avec sa femme Cassie, et leur fils Edgar, ne supporte plus l'ambiance à la maison.
Un jour, Edgar disparaît et alors que l'inspecteur Ledroit mène l'enquête avec zèle, déterminé à le retrouver puisqu'il n'a pas pu retrouver un autre enfant disparu, Vincent se met en tête de retrouver Edgar. Pour ce faire, il veut construire Eric, la marionnette imaginée par son fils, et il se met bientôt à imaginer Eric à ses côtés...
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Cette petite série nous plonge dans une ambiance terne, morose, où tout peut arriver et clairement, on se dit dès le départ que l'issue heureuse n'est pas garantie du tout. On ne sait pas ce qu'il est arrivé à Edgar, dans les premiers épisodes. A-t-il fugué, à cause du comportement de son père ? A-t-il eu un accident ? A-t-il fait une mauvaise rencontre, ou pire. Le pire est envisageable, d'autant qu'un autre jeune garçon a disparu depuis plusieurs mois, et l'inspecteur Ledroit fait le lien entre les deux disparitions.
Cet inspecteur est un personnage assez complexe. On le sent droit et juste, déterminé à faire son travail du mieux qu'il le peut, avec les moyens dont il dispose. Homosexuel, il se cache de ses collègues car dans ces années 80 et avec son métier, il ne fait pas bon sortir de la norme. Toujours en contact avec la mère du premier enfant disparu, on sent que cela va au-delà d'une simple affaire pour lui. Et pour le coup sa hiérarchie semble bien moins zélée que lui, donc il est un peu seul pour tenter de faire la lumière sur ces disparitions et retrouver Edgar.
Mais la série n'est pas une série policière comme on en voit beaucoup. C'est avant tout l'histoire d'un couple arrivé à la fin de son histoire, à cause du comportement désagréable, et c'est peu de le dire, de Vincent. Au-delà de son alcoolisme, sa personnalité même à jeun, n'est pas engageante. Cynique, grossier, il a toujours une pique bien placée à adresser. Seul l'un de ses collègues, Lennie (Dan Fogler, vu dans Les Animaux Fantastiques), semble être son ami, en dépit de ses incartades au travail.
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Car Vincent, c'est indéniable, est bourré de talent. Esprit créatif, il est un marionnettiste de génie, de la création d'une marionnette à son animation. Il n'y a guère que lorsqu'il travaille d'ailleurs, qu'il semble à peu près normal. C'est assez original d'ailleurs, que le protagoniste de l'histoire soit un sale type. Autant on ne peut que compatir à son malheur, autant il n'est pas sympathique, on ne peut pas dire autre chose. Lorsque son fils disparaît, Vincent, qui évidemment l'aime, ne supporte pas d'être inactif. Il veut continuer à travailler, il va essayer de le chercher.
Et très vite une idée folle germe en lui : créer Eric, la marionnette d'Edgar. Il est persuadé qu'en voyant Eric à la télé, Edgar reviendra. Ainsi s'entame un dialogue entre Vincent et Eric (un gros monstre bleu au langage grossier), à tel point que l'on se demande s'il n'est pas en train de perdre la tête, entre son penchant pour l'alcool et sa douleur. Tout cela se heurte à l'incompréhension de sa femme Cassie, qui est évidemment dévastée et qui ne comprend pas du tout la réaction de son mari, qu'elle aimerait voir aider la police, ou réellement chercher Edgar...
Il convient ici de saluer la performance de Benedict Cumberbatch, excellent acteur qui une fois de plus, livre une composition remarquable. Il traduit toute la complexité de son personnage (entre l'horreur de ce qui lui arrive et cette personnalité peu affable), et avec son grain de voix inimitable, il donne réellement vie à Eric. Ne serait-ce que pour lui, cette mini-série mérite d'être regardée. McKinley Belcher III, qui interprète Ledroit (et que je ne connaissais pas du tout), est également très bon.
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On pourra regretter le fait que la série ait voulu aborder trop de thématiques différentes et importantes, en ces seulement 6 épisodes : racisme, homosexualité, alcoolisme, corruption, trafics humains, et j'en passe... Les 2 derniers épisodes font un peu gloubi-boulga et on s'y perd un peu, c'est dommage. Alors que personnellement, ce qui m'intéressait le plus, c'est bien l'histoire principale.
À la fois très terre-à-terre et dotée d'un certain grain de folie, Eric est une série originale, qui parfois se perd un peu dans ce qu'elle veut aborder, mais qui réussit à être efficace, à émouvoir, à intéresser. Un OVNI décalé à l'ambiance sombre, intrigante, et que tout fan de Benedict Cumberbatch se doit de voir !