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Un film de Lee Jun Ik, avec :

Lee Jun Ki : Gong-gil

Jin- yeong Jeong : le Roi Yeonsan

Woo-seong Kam : Jang-Seng

 

20/20


Durée : 2h

2005

 

 

                                     

 

L’histoire se situe en Corée, au XVIème siècle. Le Roi Yeonsan règne dans l’ombre de son père qui bien que mort, était un tel personnage que les ministres qui l’ont servi ne cessent de comparer Yeonsan à lui. Il règne pourtant d’une main de maître sur le territoire, cruauté et brutalité semblant le définir à merveille.

Jang-seng et Gong-gil sont deux comédiens qui arrivent à Seoul dans le but de trouver la richesse. Là, ils apprennent que les représentations appartiennent au passé. Mais ils rencontrent trois autres comédiens avec qui ils vont frapper un grand coup : monter une pièce où ils tourneront en dérision le Roi et sa favorite. La pièce est un succès mais un ministre passait par là, et la troupe est arrêtée. Jang-seng propose alors un pari complètement fou : leur laisser une chance en jouant devant le roi et s’ils parviennent à le faire rire, ils auront la vie sauve.

La pièce jouée devant le roi est un désastre complet et alors que tout semblait perdu, le timide Gong-gil, cantonné aux rôles féminins du fait de son physique androgyne, exécute un numéro impressionnant qui provoque l’hilarité du roi, contre toute attente. Yeonsan leur permet de vivre et les loge même au palais, puis il fait appeler Gong-gil dans ses appartements. Commence alors une étrange relation entre le comédien et le roi…


Ca va être long… Long parce que ce film est un de mes films préférés, et que je le trouve tellement génial que voilà, faire la part des choses va être compliqué et je suis sûre que je vais en oublier la moitié… Mais on va y arriver ^^’

 

C’est un film qu’il faut voir plusieurs fois je pense, si on veut en saisir toute la portée et tous les aspects, tant il est riche et entremêle divers thèmes. Il s’agit d’abord d’un film en costumes. C’est la Corée, c’est le XVIème siècle (ère Chosun), et il s’agit de comédiens d'une petite troupe. Donc il y a de quoi faire. Et visuellement parlant, c’est un film très beau à voir. Les masques et les vêtements sont fidèles (enfin il parait, je ne suis pas experte de cette époque et encore moins de ce pays) et c’est beau à voir. A cela, il faut ajouter une réalisation impeccable, pas forcément audacieuse, mais justement simple aux moments adéquats, misant à juste titre sur les acteurs pour faire passer l’émotion nécessaire. Néanmoins on peut noter plusieurs plans servant habilement l’histoire, comme cette fameuse corde sur laquelle marchent tour à tour Jang-seng ou Gong-gil, véritable symbole de leur relation. Autre facteur déterminant l’ambiance : la musique, impeccable à tous moments, qu’elle s’emballe ou soit dans un registre plus tragique. Sur la forme, Le Roi et le Clown est donc impeccable ou presque.

 
Un quatuor de personnages porte le film : les deux comédiens, le roi et la favorite, qu’il ne faut pas oublier car elle fait bien avancer l’histoire à un moment donné, quand même. Le roi Yeonsan est joué par Jin-yeong Jeong, qui livre une interprétation sans aucune fausse note. Il réussit le tour de force de nous faire ressentir sinon de la sympathie, au moins de la compassion pour son personnage. Il oscille entre un roi cruel et sans pitié, et un enfant émerveillé. Un roi qui n’hésite pas à mutiler ses ministres, à tuer des femmes en public et bien sûr qui sur le moindre mot ou geste, peut causer la perte de nos héros. Pourtant on ne peut pas le détester. Et cela se voit dans toutes les scènes où il est avec Gong-gil : il est comme un enfant perdu, entouré par des ministres corrompus, privé trop tôt de la présence de sa mère… Il veut fuir cette vie mais il ne le peut, alors il s’échappe le temps de quelques moments avec Gong-gil. Les grimaces de Jin-yeong Jeong amusent, et son regard noir transperce le cas échéant.

On a par contre de la sympathie pour Jang-Seng, et ce dès le départ. Ce personne symbolise le peuple qui veut être libre, qui se bat pour sortir un peu de sa condition. Il est fort, courageux, insolent et libre par-dessus tout. Il est émouvant et respectable et par ses yeux, on découvre l’intérieur du palais, la fourberie des nobles… Il voulait être riche mais ce souhait causera sa perte. Woo-seong Kam joue avec emphase, la scène finale l’illustre à merveille (de même que sa première scène d’ailleurs), et toujours quoi qu’il fasse, il plait au spectateur qu’il émeut. Et parce qu'il est fort, il ne dit à aucun moment qu'il souffre de l'éloignement de Gong-gil, de ce qui leur arrive, et c'est aussi ça qui est touchant.

Et enfin, on trouve Goong-gil, jeune acteur habitué des rôles féminins à cause de son physique androgyne. Tout en lui fascine les hommes, cela se voit dès le début et bien sûr avec le roi plus tard. Que ce soit son visage, sa peau, sa voix, ses manières, sa délicatesse comme le dit la favorite, tout est bien plus beau que chez bien des femmes. A l’inverse de son acolyte, il est faible. Faible voire lâche, et soumis. Il vend son corps aux nobles, a en permanence besoin d’être défendu… et pourtant il n’est pas agaçant. Il est tellement pur et fascinant qu’il n’énerve pas. Lee Jun Ki s’est fait connaître avec ce rôle et depuis, il a enchaîné les dramas et les films en Corée, à tel point qu’il est aujourd’hui un acteur fort prisé. La délicatesse, il la maîtrise parfaitement au point de camper à merveille son personnage.


Ces trois personnages ne seraient rien sans les deux grandes relations qui les unissent : celle entre les deux comédiens et celle entre le roi et le clown.


                                

Entre Jang-Seng et Gong-gil, le réalisateur impose les faits dès la toute première scène : leur forte complicité. Le faible et le fort, le protégé et le protecteur, comme la seconde scène l’illustre. Pas besoin de parler, un regard leur suffit pour savoir ce que l’autre a dans la tête (cf la scène de leur arrivée à Seoul). Impossible de mettre des mots sur cette relation qui parfois donne l’impression de voir deux frères, parfois une amitié inconditionnelle et à d’autres moments, quelque chose s’apparentant à de l’amour. Particulièrement quand Jang-Seng accuse le roi de lui avoir « volé un coeur », on peut se poser la question… Néanmoins je pencherai plus pour une amitié irrationnelle. Chacun donnerait sa vie pour sauver l’autre sans hésiter. Jang-seng le prouve à maintes reprises et même Gong-gil dépasse sa faiblesse lorsqu’il s’agit de lui, pour le sauver. Cette relation que la corde sur laquelle ils marchent symbolise tout à fait, est vraiment touchante et sonne vraie, puisqu’elle nous apparait dès le tout début. Et à la fin on comprend davantage qu'il en a toujours été ainsi entre eux, que l'un protège l'autre et que ça marche comme ça entre eux.


                             

Et puis évidemment, la relation entre Gong-gil et le roi. Là encore, comment la qualifier ? L’homosexualité est là, c’est indéniable. Même sans parler du baiser à un peu plus de la moitié du film, il y a cette ambiguité entre eux, malgré le rapport de force résultant de leurs conditions respectives. Le roi est fasciné par Gong-gil dès la représentation. Il e fait appeler dans ses appartements et lui demande de le divertir. La chose se répétera plusieurs fois, le roi traitant Gong-gil comme son bouffon mais lui offrant des présents, et Gong-gil se laissant faire, allant jusqu’à se perdre et voir le lien l’unissant à Jang-Seng se réduire du même coup. La beauté de Gong-gil fascine le spectateur autant que le roi, car c’est vrai… Lee Jun Ki fait une femme magnifique (Y en a marre de ces hommes plus belles que les femmes >_<). Que ce soit sa taille et surtout ses gestes (pour la voix je ne suis pas d’accord, car Lee Jun ki a au contraire la voix très grave), c’est parfois à s’y méprendre, on comprend que cela fascine. La favorite et le conseiller du roi le mettent en garde car il y a ces deux transgressions : celle d’avoir des comédiens à la cour et celle de passer du temps avec un jeune homme. Le conseiller parle même au roi de son « désir pour un jeune homme », chose inconcevable s’il en est. Tout est dans les non-dits, c'est pour cela que c'est dur à qualifier mais que c'est si fort néanmoins. Ca passe par le regard que le roi pose sur le clown, son sourire, ses attentions...


On ne trouve pas ici de complots ni d’intrigues de couloir comme on pourrait s’y attendre dans ce genre de film, l’accent est vraiment mis sur les personnages et leurs relations. On peut trouver que cela manque au décor, mais ce n’est pas mon cas, tant ce qu’il y a est amplement suffisant. Néanmoins il ne faut pas oublier aussi cette autre lecture : le roi se servant des pièces de la troupe pour trouver la vérité et confondre ses ministres et ceux qui l'ont trahi. Un point très intéressant qui révèle le côté tragique du personnage du roi.

On passe également facilement du rire aux larmes. Rire avec Jang-seng et son aplomb incroyable, ou parfois les gamineries du roi sans parler des pièces. Larmes parce que les personnages souffrent, physiquement pour Jang-seng ou intérieurement pour Gong-gil, dont on observe la lente agonie. A noter la dernière représentation de Gong-gil au roi, très dramatique et magnifique dans le texte comme dans les gestes, où Lee Jun Ki fait ressortir toute l’émotion nécessaire avec un jeu excellent. Scène très prenante. Et puis bien sûr la fin, théâtrale au possible certes, mais si finement jouer et qui encore une fois, revient sur la relation entre les deux comédiens. D’habitude, je n’aime pas quand on ne peut pas qualifier une relation entre deux personnages. Mais ici, le mélange fraternité, amitié et amour ne m’a pas dérangé tant c’est secondaire. On y croit, c’est tout.


J’ai été fascinée par le personnage de Gong-gil (à tel point qu'il est l'un de mes personnages de fiction préférés) alors que normalement les personnages faibles, je n’aime pas ça, mais là… Il est tellement incroyable que j’ai été subjuguée. Mais même les deux autres sont impressionnants. Le Roi et le clown est à mon avis un de ces films qu’il faut voir, parce qu’il est absolument génial. Avec plus de 12 millions de spectateurs en Corée, ce film a fait scandale dans le payasage cinématographique et on comprend pourquoi vus les thèmes.


                                                              

 

Tag(s) : #K-dramas-K-movies
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